jeudi 22 mai 2008

Et après?

L’euphorie exubérante est tombée, s’est assagie, comme se sont assagis les Libanais depuis belle lurette. « Assagis » pour parler du Libanais !? Oui certes, ce n’est sûrement pas le qualificatif le plus adéquat pour décrire cette espèce humaine rare et exceptionnelle. En tout cas ces deux derniers termes sont ambigus en eux-mêmes : tout ce qu’il y a de plus péjoratif et tout ce que ça peut receler de positif et de beau. C’est le Liban et ce sont ses habitants, dans ses pourtours géographiques, ses 10 452 Km2, (d’ailleurs Nabih Berry l’a bien mentionné hier, même si ce petit espace conspire à séparer et diviser tous les Libanais…) et au-delà, aux quatre coins de la planète, cette fameuse diaspora libanaise.

Hier, longue halte nocturne au Biba, à Gemmayzé, pour savourer les notes orientales de Ziyad Sahhab et Ahmad el-Khatib. Avant, après et durant ces effluves musical(e)s enivrant(e)s, nous avons bien trouvé le temps de discuter des derniers développements sur la scène politique locale. C’est étrange, cette fois, il n’y avait pas de cris, de discussions vives et animées, des personnes qui haussent la voix (c’est la logique, plus tu cries, plus tu as raison ou tu donnes l’impression d’avoir raison, la voix haute porte et l’emporte). Enfin, même si nous sommes tous plus ou moins du même bord, du même camp, celui de la neutralité modérée, mais à tendance quand même, je l’avoue…) nous reproduisons un peu le même schéma que nos politicards. D’accord nous acceptons le compromis, « nous acceptons de faire des concessions, tant que la lutte se poursuit, tant que le combat pour la liberté, l’indépendance et la totale souveraineté de l’Etat se poursuit… » me dit une de mes amies, militante acharnée. Sinon ce sera direction Amsterdam.

C’est étrange, « la télé réalité règne sur nos vies » me fait remarquer un ami quand je lui racontais les menus détails de cette fameuse journée historique, et la manière dont tous les développements ont été retransmis par nos chaînes de télévision locales. Des séquences qui se suivaient entre Doha et les réactions des politicards (les mêmes têtes qui ont signé l’accord), le centre ville et les tentes qu’on démontait, les citoyens et les commerçants qui se félicitaient, le palais de Baabda et le gazon qu’on tondait, Ammchit et les citoyens qui célébraient l’avènement de Michel Sleiman, le Parlement à la place de l’Etoile et les problèmes logistiques et techniques à résoudre pour tenir le scrutin présidentiel le plus rapidement possible… Que du bonheur tout ça… Le sang est vite oublié…
Toujours au Biba, une amie française résidant au Liban m’appelle pour me demander si je suis contente que la situation se décante (oui mais faut comprendre que parfois on me prend pour une « nationaliste »… acharnée en plus). Toutes les conversations téléphoniques en ce jour de gloire bénie, (qui entrera dans nos livres d’histoire, si jamais on parvient à en établir un) commençaient par l’immanquable « Mabrouk ». De quoi vous arracher des sourires amusés !

Alors ce soir j’hésite quant à la photo à mettre pour accompagner cette petite note.
Entre un cliché de Ziyad Sahhab au Biba et une ancienne photo de la guerre du Liban, celle de 1975… j’hésite…
Mais j’ai trouvé un compromis...


Et après? La vie continue, non... De compromis en compromis...

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