mardi 3 juin 2008

Cercle vicieux

Il est vrai que je tourne en rond, que je raconte la même chose ; Beyrouth en fonction des guerres : l’ancienne, la plus ancienne, la nouvelle, celle à venir, celle d’un jour… et les dates et les qualificatifs qu’on y colle, en profusion. En général c’est du noir, et jamais le terme honteux, étant donné que les Libanais sont tout le temps manipulés par je ne sais quelle force externe obscure qui s’acharne sur nous. Ah, le complot, le complot !!!

Mais je crois que c’est une manière de dire que ces pages du passé, qu’on tourne si fréquemment au Liban, ne se tournent pas si facilement au quotidien, malgré les apparences d’euphorie qui nous empoignent à chaque déclaration d’accord et d’entente des gouverneurs d’ici et d’ailleurs. Ces guerres et ces pages noires, on les vit au quotidien, à chaque pas qu’on fait dans la rue, à chaque mot qu’on prononce dans une conversation, à chaque image qui nous effleure, même dans nos rêves, même dans notre volonté de les dépasser, de montrer une autre facette des Libanais.

Ces guerres sont inhérentes à notre existence. Et chaque page du passé, tournée ou non, est écornée à son petit bout et compilée dans le Grand Livre des Souvenirs individuels. On y revient souvent pour se documenter, établir des comparaisons et tenter d’en tirer une synthèse. Mais peine perdue, on continue à vivre d’instants saisis à la hâte, volés au provisoire… Et c’est en cela que réside l’intensité du moment, je crois. Ou l’illusion de vivre quelque chose d’intense.
A moins que tout simplement, il faut que je sorte un peu de Beyrouth.

2 commentaires:

M1 a dit…

Plus qu'un cercle vicieux, c'est le fatalisme qui ronge le liban. La fatalité du conflit, cette vérité du "on ne peut pas faire autrement", dictée soit par la connerie de "l'autre" libanais, si "différent", soit par, et là on va parler vérité supreme, le complot israélien.

Nayla a dit…

Il n'y a pas de fatalisme, ni de complot non plus, ni israélien, américain, syrien, iranien... C'est juste une répétition des conflits, parce qu'il n'y a pas de passé. Un passé sur lequel on est tous d'accord. Alors on tourne en rond. Et l'autre reste l'autre.
Sauf dans les rues de Beyrouth où "on peut faire autrement".