Un bœuf tout en complicité
Soirée impromptue au Nova, à Sin el-Fil, même si pour la pure Beyrouthine que je suis « c’est quand même un peu loin », et c’est un peu trop jeunesse rock rebelle… Mais sur scène des musiciens que j’affectionne particulièrement, réminiscence d’une soirée estivale au T-Marbouta où les auditeurs ne se contenaient plus, réclamant encore plus. Sur la spacieuse estrade éclairée du Nova, entre les tableaux évoquant de lointains horizons et les tables de billard, les membres de FunJan Shai accordent leurs instruments pour une séquence de jazz funk et de rythmes latinos métissés. De son set de percussions, Khaled Yassine ressortait plus d’une multitude de sonorités, jonglant entre bongo, conga, djembé et autres caissons à résonance. Aussitôt Fouad Afra répondait en écho, en coup de baguettes sur les batteries et cymbales, alors que de son pied il marquait la cadence. Impossible de suivre des yeux la valse fulgurante et évanescente des mains de Tarek Yamani qui frôle les touches de son piano. Liberté et improvisations, que permettent le jeu solide et la structure de Jean Madani à la basse. Un bœuf entre de tels musiciens et la complicité gagne la salle.
Beyrouth gronde
Rendez-vous à l’Amadeus, à l’hôtel Mozart, à Hamra pour assister à un concert de live hip hop avec Fareek el-Atrach : c’est tout ce que disait l’affiche… intriguant… Le nom de Wolfgang Amadeus Mozart associé à du rap arabe… de quoi satisfaire une fan d’un genre qui se répand de plus en plus au Liban. « Jina ta na3ti el fan dafché, nous sommes là pour donner à l’art un coup de pouce »… les rappeurs Edouard Abbas et Nasr Shorbaji gueulent dans leur microphone épousant le fascinant « human beatbox » de Fayez Zouheiry et la basse de John Imad Nasr. Innovation libanaise, le oudiste Suleiman Zeidan émaille l’ensemble de notes orientales et se plaint d’une « nation devenue comme une porcherie ». Le rap, par définition, est engagé. Les fans ne cessaient d’affluer, la foule devenait de plus en plus compacte, juste le temps d’apercevoir Karine, une libano-suisse qui rappe en français, le temps de noter une date ; mercredi, ce sera le Torino Express, à Gemmayzé, réminiscence de deux mini-concerts de rap improvisés derrière le comptoir du pub, où Karine s’était emparée du microphone pour accompagner RGB et 6K, les deux membres du groupe Kitaa Beirut.
Musique en herbe
Debout, dans le froid, devant la lourde porte fermée du Basement. Pourtant le rendez-vous était bien fixé à 18h. Lubie des videurs, des propriétaires, des organisateurs…. la nuit garde toujours ses secrets. Et on affluait à Saïfi pour assister au « concert de musiques actuelles » organisé par Radio Liban 96.2 FM. 11 lauréats, donc 11 familles, des amis et des noctambules. Plein de noctambules, le Basement a accueilli cette nuit-là 900 personnes ! Alors que la fumée emplissait l’espace, la foule s’agglutinait, attendant surtout de voir le charismatique groupe « Mashrou’ Leila », qui a finalement remporté le prix du jury, donc un album sur le label Incognito. Une soirée de musique éclectique, entre rap, variété, rock, électronique, pop… anglais, français, arabe… chaque lauréat interprétant 3 à 4 de ses compositions ; un beau bouquet de jeunes musiciens en herbe, de ce que le Liban contient comme potentiel à exploiter… Un début chaotique tout en lenteur, mais au fil des heures, la scène bouillonnait, entrecoupée par la participation exceptionnelle de la rappeuse Malika auprès de Karimbo Zone Mixity Miracle Genius… En attendant que le public vote en ligne, sur le site www.96-2.com, muni d’un password disponible dans chaque compilation 96.2 FM, avant le 1er avril.